Le OFF de OPHE:
En refermant ce roman. Mon cœur de maman s’est serré. La première chose que j’ai faite, c’est d’aller embrasser mon fils qui dormait paisiblement.
Dans ce roman, Claire Favan a mis tout son amour de mère.Si l’histoire m’a paru assez loin du prologue de Gabriel, il n’en reste pas moins que Claire met en avant et surtout pointe du doigt un certain nombre de défaillances dans la gestion des enfants en difficultés. Difficultés de part un handicap, visible ou non, un traumatisme, une différence physique, une intelligence hors norme… La différence isole et entraîne parfois à des situations inextricables et particulièrement
douloureuses.
Milo a 4 ans quand survient le premier traumatisme. Son père est interpellé en pleine nuit, à leur domicile. De cette nuit de cauchemar, Milo ne se remettra pas. Il transformera sa haine, sa douleur, en violence… Une violence incomprise, une violence qui l’exclura et fera de lui le bouc émissaire de ses camarades. Un traumatisme qui le suivra toute sa vie…
J’ai eu mal à la lecture des souffrances de Milo. J’avais envie de crier « écoutez-le ».
Où place-t-on la parole de l’enfant quand ce dernier adopte un comportement répréhensible? Quel adulte a cherché à l’aider, à mettre des mots sur ces maux, mocaliser sa douleur?
Attention, le sujet n’est pas, ici, la toute puissance de la parole de l’enfant. Par pitié pas d’amalgame. Il n’est pas question d’enfant roi, mais de les écouter et d’entendre leurs souffrances. Ne pas donner systématiquement raison à un adulte sans avoir écouté l’enfant. Faire preuve de discernement.
Claire Favan évoque aussi l’impact des mensonges. Et s’il n’est pas question de Dolto et de ses principes, il est indéniable que mentir à un enfant, en pleine construction, c’est prendre le risque de fragiliser les bases de son édifice social. Vous souvenez-vous des réactions de vos enfants apprenant que le père-noël n’existait pas? De leurs larmes parfois, de leur incompréhension « pourquoi m’as-tu menti »? C’est nous, parents, leur référence dans la dissociation du bien et du mal. Pensons-nous à la peine que peuvent ressentir nos enfants quand nous leur mentons? Toutefois, il n’y a ici aucun jugement de ma part. Juste une prise de conscience aussi.
Parfois, le mensonge nous apparaît nécessaire. Il est pour nous un acte de protection. En tant que parents, nous essayons de faire de notre mieux. Nous faisons des choix qui nous semblent bon sur l’instant. Parfois ils se révèlent être désastreux, mais par amour, nous soutenons nos progénitures et cherchons à faire de notre mieux pour redresser la barre. Amoindrir les effets négatifs de nos erreurs. Mais jusqu’à quel point?
Nous devenons parents en même temps que nos enfants grandissent. Pas de mode d’emploi. Juste la volonté de faire de notre mieux.
Enfin, Claire évoque aussi la difficulté de briser les cercles vicieux créés par les mauvaises réactions des uns et des autres face à la différence qui devient indifférence, face à l’incompréhension qui fini par faire de nous des aveugles volontaires. Exclure ou isoler un enfant pour protéger les autres, renforcer son sentiment d’injustice, le laisser se renfermer davantage et exacerber sa souffrance…
Si ce roman reste un thriller de part l’intrigue, Claire Favan nous livre son message au travers de Milo et Alexandra. Des personnages avec lesquels on fait corps. Des personnages dans lesquels on se retrouve forcément à un moment ou un autre de part une attitude, une parole, un choix… Elle nous offre aussi son amour et son cœur de maman. Et pour tout cela, merci Claire.
Le livre: Inexorable de Claire Favan. Paru le 11 octobre 2018 aux éditions Robert Laffont, collection La Bête Noire.20 euros; 384 pages; 14 x 3,3 x 22,5 cm
4ème de couverture:
Vous ne rentrez pas dans le moule ? Ils sauront vous broyer.Inexorables, les conséquences des mauvais choix d’un père.
Inexorable, le combat d’une mère pour protéger son fils.
Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l’éternel coupable.
Inexorable, la volonté de briser enfin l’engrenage…
Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants.